Inde: manifestation pour réclamer des mesures contre la pollution de l'air
"Je ne veux pas devenir une réfugiée climatique" : des dizaines de personnes ont manifesté dimanche pour réclamer des mesures contre la pollution atmosphérique à New Dehli, la capitale indienne figurant régulièrement parmi les villes les plus polluées de la planète.
Dans les rues de la mégapole indienne, plusieurs manifestants sont venus avec leurs enfants, portant des masques et brandissant des pancartes griffonnées de slogans, comme l'une d'elles indiquant "Ca me manque de respirer".
"Aujourd’hui, je suis là simplement en tant que mère" et parce que "je ne veux pas devenir une réfugiée climatique", a déclaré Namrata Yadav, venue avec son fils.
Les manifestants se sont rassemblés près de l'emblématique Porte de l'Inde, un monument aux morts érigé par les autorités coloniales.
Dans ce secteur, le niveau de particules PM 2,5, celles d'un diamètre inférieur à 2,5 micromètres et qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons ou le système cardiovasculaire, a atteint dimanche soir le niveau de 200, soit plus de 13 fois le seuil quotidien maximal recommandé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Selon une étude publiée l'an dernier dans la revue médicale The Lancet, 3,8 millions d'Indiens sont morts à cause de la pollution atmosphérique entre 2009 et 2019.
Année après année, c'est toujours la même chose et il n'y a aucune solution", s'est lamentée Tanvi Kusum, une avocate qui dit être venue car elle se sent "frustrée". "Nous devons mettre la pression pour que le gouvernement prenne au moins le problème au sérieux", a-t-elle ajouté.
- "Je veux juste respirer" -
New Delhi et sa région métropolitaine tentaculaire de 30 millions d'habitants sont régulièrement classées parmi les capitales les plus polluées au monde, avec un smog âcre qui recouvre l'horizon chaque hiver, généré par les usines, la circulation automobile et les brûlis agricoles.
Les niveaux de PM2,5 atteignent parfois jusqu'à 60 fois les limites quotidiennes fixées par l'ONU pour la santé.
Les initiatives gouvernementales fragmentaires, telles les restrictions partielles sur les transports alimentés par des combustibles fossiles ou les camions-citernes pulvérisant de la brume pour éliminer les particules en suspension dans l'air, n'ont pas eu d'impact notable.
Les autorités municipales ont également mené un essai infructueux d'ensemencement des nuages le mois dernier, pulvérisant des produits chimiques depuis un avion pour favoriser la pluie.
"La pollution nous tue", a déclaré une jeune femme disant "parler au nom de Delhi" et qui a refusé de donner son nom. "Nous en avons tous assez des politiques qui ne traitent pas le problème de manière globale", a-t-elle encore lancé.
Alors que le soleil se couchait sur un horizon recouvert de smog et que la foule semblait grossir, la police a fait monter plusieurs manifestants dans un bus, saisissant pancartes et banderoles.
Sur l'une d'elle, à moitié déchirée, on pouvait lire : "Je veux juste respirer".
E.Barbieri--GdR