

Canoë-kayak: Nicolas Gestin, l'Europe pour retrouver "le goût" de l'Olympe
Sacré champion olympique de canoë slalom l'été dernier à Vaires-Sur-Marne (Seine-et-Marne), Nicolas Gestin y retrouvera "le goût des JO" jeudi pour les Championnats d'Europe (15-18 mai), et évoque auprès de l'AFP ses idées pour l'avenir de sa discipline, source de "créativité".
Question: Vous avez connu la plus grande victoire de votre carrière aux Jeux, comment-êtes vous reparti de l'avant depuis ?
Réponse: "Ca a pris du temps car j'ai couru derrière un objectif pendant 4-5 ans. Quand on l'atteint, c'est tant mieux, j'ai eu la chance de vivre quelque chose de vraiment exceptionnel mais les mois d'après on a l'impression de s'entraîner un peu dans le vide. Donc j'ai juste eu besoin de temps. Je suis revenu de façon assidue en février et c'était plus simple car j'envisageais davantage des objectifs à court terme, notamment avec les championnats d'Europe. J'ai envie de préparer un peu plus le court terme, arriver dans un bel état de forme sur les Coupes du monde et les Championnats du monde (en octobre en Australie). Sans mettre cette année un cap trop lointain et qui engage une préparation très longue".
Q: Revenir à Vaires-sur-Marne vous a-t-il paru spécial ?
R: "C'était vraiment bizarre, surtout qu'on a démonté les tribunes, l'habillage. Mais la configuration du site n'a pas bougé. Le stade d'eaux vives peut évoluer mais cela n'a pas été le cas donc cela donne envie de refaire le parcours des Jeux, on est toujours un peu dans le souvenir mais l'enjeu est aussi de passer à l'étape d'après. Mais les championnats d'Europe auront un goût des Jeux olympiques".
Q: Avez-vous apporté des ajustements dans votre préparation ?
R: "Oui et non. J'ai beaucoup essayé de gérer l'extra-sportif, me faire accompagner au niveau médias, partenariats, pour pouvoir me réengager après sportivement. On a essayé de rester un peu sur les acquis de l'année dernière. Par contre l'évolution est davantage autour du matériel. On espère pouvoir en développer du nouveau avec la marque avec laquelle je travaille, notamment dans une optique de réussir à naviguer avec plusieurs bateaux dans la saison, changer de forme de bateau entre chaque course, en fonction des parcours, des stades d'eaux vives. Ca pourrait paraître logique, mais personne ne le fait aujourd'hui. On estime qu'on a besoin de beaucoup de repères, mais j'ai l'impression qu'il y a un truc à aller chercher".
Q: Vous semblez chercher à innover...
R: "Notre sport colle à ça, il faut continuellement inventer une nouvelle figure car le jour où quelqu'un va plus vite que nous, on regarde ce qu'il a fait, on essaie de s'adapter. C'est un sport qui demande de la créativité, et c'est là-dedans que je m'éclate. J'ai beaucoup de mal à refaire les choses. Souvent, on a essayé de refaire des blocs de préparation qu'on avait déjà fait deux ans auparavant, et cela a tendance à m'ennuyer. A l'entraînement, on essaie de trouver des pistes de travail tout le temps. C'est sûr qu'au bout d'un moment, quand on arrive à un très bon niveau, les détails sont de plus en plus fins à régler. Donc tout l'enjeu est de réussir à se renouveler, et le matériel est une belle porte d'entrée".
Q: Vous êtes aussi sensible à l'idée de voir plus de courses en milieu naturel. Vous avez d'ailleurs organisé une course sur ce modèle avec le club de Quimperlé (Finistère). Souhaitez-vous toujours encourager cela ?
R: "C'est une volonté. J'y suis assez sensible car j'ai appris le canoë sur une rivière naturelle. On a des sites assez exceptionnels en France à faire valoir. Mon rêve serait d'organiser une course internationale aux Roches du Diable (près de Quimperlé) en hiver, un peu à contre courant de ce qu'on fait. On va beaucoup sur des bassins artificiels en été alors qu'il y a la fonte des glaces. Personnellement, j'ai appris mon sport en hiver car c'était à ce moment qu'on avait les pluies et le bon niveau d'eau. Pourquoi pas essayer de proposer une sorte de course alternative, les championnats du monde d'hiver ou une coupe du monde. Reste à savoir comment s'y prendre pour convaincre les acteurs du canoë".
A.Rossi--GdR