Le président libanais condamne de nouvelles frappes israéliennes
Le président libanais Joseph Aoun a condamné de nouvelles frappes menées jeudi sur le sud du Liban par Israël, qui a dit viser des cibles du mouvement pro-iranien Hezbollah, accusé de vouloir se réarmer.
L'armée libanaise a elle estimé que les raids israéliens visaient à "empêcher l'achèvement" de son déploiement dans cette région, conformément à l'accord de cessez-le-feu qui avait mis fin il y a près d'un an à la guerre entre le mouvement libanais et Israël.
Le Hezbollah, qui assure respecter le cessez-le-feu, a lui affirmé son "droit légitime" à se défendre face à l'intensification des attaques israéliennes.
Le président Aoun a dénoncé les nouvelles frappes, accusant Israël de rejeter les ouvertures diplomatiques de Beyrouth.
Plus Beyrouth "exprime son ouverture à des négociations pacifiques pour résoudre les différends en suspens avec Israël, plus Israël persiste dans son agression contre la souveraineté libanaise", a-t-il déclaré.
- "Droit légitime" -
Une source officielle a confirmé à l'AFP jeudi qu'Israël "n'a pas répondu (...) à la proposition de négociation" du président libanais.
L'armée israélienne a annoncé jeudi soir avoir terminé ses frappes qui avaient commencé dans l'après-midi.
Elle avait appelé auparavant des habitants de quatre villages --Aita al-Jabal, al-Taybeh, Tayr Debba et Zawtar El Charqiyeh-- à évacuer des bâtiments, en prévenant qu'elle allait frapper des infrastructures militaires du Hezbollah.
La frappe sur Tayr Debba a fait un blessé, selon le ministère de la Santé qui avait fait état plus tôt d'un mort dans une frappe ailleurs dans le sud.
Le Hezbollah a adressé jeudi une "lettre ouverte" au peuple et aux dirigeants libanais, dans laquelle il assure qu'il "respecte l'accord de cessez-le-feu".
"Nous assurons notre droit légitime" à "nous défendre contre un ennemi qui impose la guerre à notre pays et n'arrête pas ses agressions", ajoute le Hezbollah, affirmant être opposé à "toute négociation politique avec Israël".
Une source proche du mouvement a indiqué à l'AFP que cette lettre ouverte intervenait après que des émissaires américains et égyptiens, venus récemment au Liban, ont pressé les autorités d'ouvrir des négociations politiques directes avec Israël.
Les deux pays sont toujours techniquement en état de guerre.
Dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait accusé le Hezbollah de tenter de se "réarmer" et son ministre de la Défense, Israël Katz, a accusé M. Aoun de "traîner des pieds" concernant le désarmement du groupe.
Jusqu'à présent, le seul contact entre les deux pays se fait via le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU.
- "Attaques condamnables" -
Cet organisme se réunit régulièrement au quartier général des forces onusiennes dans le sud du Liban, mais les deux parties, libanaise et israélienne, ne s'adressent pas directement la parole.
Le Hezbollah a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël et les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour le désarmer, ce que le mouvement islamiste refuse.
Conformément au plan pour le désarmer, l'armée libanaise doit d'abord achever le désarmement du Hezbollah dans la partie sud du pays, proche de la frontière avec Israël, avant la fin de l'année, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire.
Elle a dénoncé jeudi soir des "attaques condamnables" visant selon elle à "saper la stabilité du Liban (...), maintenir la menace contre le peuple libanais et empêcher l'achèvement du déploiement de l'armée, conformément à l'accord de cessation des hostilités".
La Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) a déclaré que la dernière vague de frappes "sape les progrès réalisés en vue d’une solution politique et diplomatique".
L'ONU a pour sa part exhorté "une fois de plus les parties à respecter la cessation des hostilités et à s'abstenir de toute activité pouvant mettre en danger les civils", a indiqué le porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU, Farhan Haq.
En Israël, la porte-parole du gouvernement, Shosh Bedrosian a affirmé qu'Israël prendrait les mesures nécessaires pour garantir le respect du cessez-le-feu dans le sud du Liban.
"Israël continuera à défendre l'ensemble de ses frontières", a-t-elle déclaré aux journalistes.
G.Brambilla--GdR