

Présidentielle en Bolivie: les deux visions du second tour pour redresser le pays
D'un côté, la promesse d'un virage radical, de l'autre, une approche plus mesurée. Quoi qu'il arrive, les deux candidats au second tour de la présidentielle en Bolivie, le 19 octobre, tous deux de droite, s'apprêtent à transformer un pays gouverné depuis vingt ans par la gauche.
Dans des entretiens séparés lundi à l'AFP, l'ancien président de droite Jorge Quiroga (2001-2002) et le sénateur de centre droit Rodrigo Paz détaillent leur programme s'ils sont élus le 19 octobre.
Tandis que Jorge Quiroga, 65 ans, promet une ouverture totale à l'économie de marché, Rodrigo Paz, 57 ans, écarte tout ajustement drastique.
Lors du premier tour, le 17 août, Rodrigo Paz a créé la surprise, alors qu'il ne figurait pas parmi les favoris, en arrivant en tête avec 32% des voix, contre 26,7% pour Jorge Quiroga.
Cette percée de la droite marque dans tous les cas la fin de vingt années de gouvernements socialistes, d'abord avec l'ancien président Evo Morales, aujourd'hui inéligible et visé par un mandat d'arrêt, puis avec le sortant Luis Arce, très impopulaire et qui a renoncé à se représenter.
La gauche, divisée, n'a pas réussi à se qualifier dans un contexte de grave crise économique marquée par une pénurie de dollars et de carburants.
Autrefois productrice de gaz, la Bolivie a pratiquement épuisé ses réserves de devises en raison de sa politique de subventions aux carburants. Le pays connait en outre une inflation annuelle qui a frôlé en juillet les 25%.
- Economie de marché -
Pour Jorge Quiroga, représentant du parti Libre, le pays fait face à "deux trous" : le déficit budgétaire et le déficit de la balance des paiements.
Le premier pourrait être réduit en mettant fin "au gaspillage et au vol", que représentent, selon lui, "les voyages, les indemnités journalières, les téléphones portables et les dépenses sans limite". Quant à la balance des paiements, "sans dollars, on ne peut pas importer de diesel et d'essence", estime-t-il.
Jorge Quiroga propose ainsi de "restructurer la dette" et de mettre en place des mesures pour attirer les investissements étrangers, notamment en renouvelant les traités bilatéraux et en concluant des accords de libre-échange.
L'objectif de ces mesures est de "renforcer les finances publiques" et de "garantir les devises nécessaires pour le fonctionnement du pays", tout en créant un environnement favorable aux investissements dans les secteurs stratégiques comme "les hydrocarbures, les mines et le lithium".
Concernant le lithium, dont la Bolivie est riche, il prévient que les accords conclus avec la Chine et la Russie par le président Arce ne seront "pas approuvés" s'il est élu, et promet que les investissements étrangers se feront " sans favoritisme ni décisions en coulisses".
- Processus de stabilisation -
De son côté, Rodrigo Paz évoque une "transition" en douceur. "Il y aura un processus de stabilisation, nous ne l'appelons pas ajustement", déclare-t-il.
Pour soulager l'économie, il écarte le recours aux crédits internationaux comme première solution, contrairement à son rival.
"Les gens comprennent qu'il faut d'abord mettre de l'ordre chez soi", assure-t-il, soulignant que la Bolivie doit d'abord assainir sa situation interne avant de recourir à des solutions extérieures.
Son plan de stabilisation prévoit en priorité une réduction de 60% du déficit budgétaire. Il entend également renforcer la lutte contre la corruption et la contrebande de carburants, afin d'économiser, selon lui, environ 1,2 milliard de dollars.
Le sénateur de Tarija (sud) promet par ailleurs de "réaligner" le taux de change, alors que le dollars se négocie au double du cours officiel sur le marché noir, et de mettre en place des incitations fiscales et financières pour rapatrier les devises vers le système bancaire national.
"Avec des mesures ciblées, il est possible d'alléger la pression inflationniste", assure le représentant du parti chrétien-démocrate (PDC).
Dans tous les cas, les deux rivaux ont promis "un changement", radical ou mesuré, dans ce pays andin de 11,3 millions d'habitants.
S.Rinaldi--GdR