

Une foule pour la marche blanche à Nogent en hommage à la surveillante tuée
Une petite ville unie pour rendre hommage à Mélanie: plus de mille personnes participent vendredi soir à Nogent (Haute-Marne) à une marche blanche pour la surveillante de collège tuée mardi par un élève de 14 ans, un meurtre qui déclenché une vague d'émotion et de réactions politiques.
Le cortège de 1.500 personnes, selon la gendarmerie, s'est ébranlé dans un silence absolu alors que les cloches sonnaient 18H00, derrière deux banderoles tenues par des proches, souvent en larmes. "Mélanie, ton sourire, et ta joie de vivre resteront gravés", dit l'une d'elles.
La marche est partie du collège Françoise-Dolto, devant lequel s'est déroulé le drame et dont les grilles ont été recouvertes de fleurs par des habitants.
Pour "symboliser la joie de vivre de Mélanie", les participants étaient invités à porter des vêtements colorés, selon un message diffusé par la mairie sur Facebook, qui appelait aussi à s'abstenir de toute marque d'appartenance ou revendication politique. Beaucoup arborent des T-shirts blancs sur lesquels est imprimé le visage de la jeune femme de 31 ans, tout sourire.
"Elle était là au mauvais endroit au mauvais moment. Et en plus (le mis en cause) n'a pas de remords. Il va aller en prison et il va ressortir", lâche Priscilla, la trentaine, un bouquet de fleurs blanches à la main.
Ce bourg de 3.500 habitants, habituellement "très calme" selon la mairie, est sonné par le drame depuis quatre jours.
"Cette marche est la nôtre" et elle est organisée "dans les conditions les plus proches de ce que Mélanie aurait voulu", avait souligné sur Facebook Océane Remongin, la belle-fille de la victime.
Ancienne coiffeuse qui s'était reconvertie comme assistante d'éducation, Mélanie travaillait au collège depuis septembre et laisse derrière elle un petit garçon de quatre ans.
Une cagnotte en ligne lancée par ses proches a récolté plus de 20.000 euros vendredi après-midi.
Le collégien de 14 ans interpellé pour les coups de couteau mortels, a été mis en examen jeudi soir à Dijon, notamment pour "meurtre sur une personne chargée d'une mission de service public", et placé en détention provisoire dans le quartier pour mineurs d'une maison d'arrêt.
Du fait de sa minorité, il encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle.
Devant le juge d'instruction, il a "confirmé les déclarations qu'il avait faites lors de sa garde à vue", selon le parquet de Dijon.
- Détection de la souffrance -
Il avait expliqué durant sa garde à vue qu'il voulait tuer une surveillante, "n'importe laquelle", avait rapporté mercredi le procureur de Chaumont Denis Devallois, dressant le portrait glaçant d'un adolescent "fasciné par la violence" et "en perte de repères", mais sans signe évoquant un possible trouble mental.
Une cérémonie d'obsèques est programmée mardi, dans la stricte intimité familiale, dans le village de Sarcey (Haute-Marne), où elle était conseillère municipale. Le beau-fils de Mélanie a fait savoir que la famille ne souhaitait la présence d'aucun média.
Ce nouveau drame a également secoué le monde politique et éducatif.
La ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne a indiqué vendredi lors d'un déplacement dans l'Aisne que chaque établissement devrait se doter d'ici la fin de l'année d'un "protocole de repérage et de prise en charge des situations de souffrance psychologique chez les jeunes".
Elle a également appelé à "une forme de coupe-file pour assurer la prise en charge" des jeunes ainsi repérés.
Reconnaissant que 50% des postes de médecins scolaires "sont vacants", elle s'est engagée à "renforcer les effectifs" pour les autres types de postes, infirmières, psychologues notamment, soulignant que cela serait arbitré "dans le cadre des discussions budgétaires" à venir.
Des manifestants ont dénoncé à cette occasion le "sous-financement" de l'Éducation nationale.
Interdiction de la vente de couteaux aux mineurs, "expérimentation" de portiques de sécurité, possibles restrictions sur l'accès des jeunes aux réseaux sociaux: ministres et élus ont annoncé des mesures et lancé des pistes ces derniers jours tout en soulignant qu'il n'y a pas de "solution magique".
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G.Lombardi--GdR