

Tour de France: Tadej Pogacar, le bouquet final
Grandissime favori au départ, Tadej Pogacar a remporté son quatrième Tour de France dimanche à Paris où, après quelques jours de lassitude, il a animé une dernière étape exceptionnelle remportée par Wout Van Aert sous le déluge sur les Champs-Élysées.
Un grand sourire barrait le visage du Slovène lorsqu'il a franchi, le doigt levé, tout en jaune et trempé jusqu'à l'os, la ligne d'arrivée après une incursion inédite sur la butte Montmartre, théâtre d'un final exceptionnel.
Après avoir assommé la concurrence dès les Pyrénées et ensuite promené son ennui dans les Alpes, le champion du monde avait décidé de faire la course dimanche. Et le spectacle a été total dans les avenues détrempées de Paris, en particulier dans la rue Lepic, noyée dans une ferveur indescriptible comme il y a un an aux JO, pour cette dernière étape transformée en classique pavée flandrienne.
Lorsque le peloton a attaqué la première des trois ascensions de Montmartre, Pogacar n'avait pourtant plus qu'à rallier l'arrivée pour assurer sa victoire finale, puisque les temps au général - 4:24 d'avance sur Jonas Vingegaard - avaient été gelés à cause de la pluie.
Une issue qui n'était totalement pas une garantie vu ce qui tombait et l'état de la chaussée, terriblement glissante.
Mais le champion du monde, qui avoue préférer les classiques aux grands Tours, a décidé, contrairement à Vingegaard, d'engager un bras de fer époustouflant dès la première montée de la rue Lepic, en suivant un mouvement de Julian Alaphilippe.
Passant en tête lors des deux premières ascensions, il a encore attaqué, au sein d'un groupe de six coureurs, lors de la dernière ascension. Mais Van Aert, autre formidable coureur de classiques, a réussi à s'accrocher à sa roue. Avant de lâcher le maillot jaune dans une ambiance indescriptible et d'aller gagner pour la deuxième fois de sa carrière sur les Champs-Élysées.
- Il égale Chris Froome -
Quatrième de l'étape, Pogacar a ainsi conclu en beauté un Tour de France qu'il aura maîtrisé de bout en bout au point de tuer rapidement tout suspense, après avoir gagné quatre étapes dès les Pyrénées, malgré un rhume.
La traversée des Alpes a été très longue pour lui et il a fini par avouer qu'il comptait les jours jusqu'à Paris.
A l'approche des Champs-Élysées, Pogacar a modifié son discours. Assurant qu'il avait quand même "apprécié" la course, il a mis sa lassitude sur le compte de la fatigue du Tour "le plus difficile" qu'il ait jamais couru.
En six participations, il en est désormais à quatre victoires et deux deuxièmes places, égalant Chris Froome pour se rapprocher à une unité du record détenu par Eddy Merckx, Bernard Hinault, Jacques Anquetil et Miguel Indurain.
A seulement 26 ans, le leader d'UAE a largement le temps de les dépasser.
Vu qu'il paraît peu probable qu'il dispute la Vuelta, son prochain grand objectif sera la défense de son titre de champion du monde en septembre au Rwanda pour renforcer un peu plus sa candidature au titre de meilleur coureur de tous les temps.
Tout n'a pourtant pas été rose et Pogacar a dû composer avec l'abandon de son lieutenant Joao Almeida, des coureurs malades dans son équipe, son propre rhume, les inévitables questionnements sur sa suprématie et l'équipe Visma.
- Les jeunes poussent -
Mais la stratégie de harcèlement de la formation néerlandaise a fait pschitt et, au final, Vingegaard boucle son plus mauvais Tour depuis 2021, sans victoire d'étape.
Après une préparation pourtant idéale et axée sur le Tour, la question se pose: le Danois, qui disputera la Vuelta, ne devrait-il pas élargir son spectre ?
D'autant que derrière, les jeunes poussent à l'image de Florian Lipowitz, premier Allemand sur le podium depuis Andreas Klöden en 2006, qui s'est monté bien plus fort que Primoz Roglic, son coéquipier chez Red Bull Bora (8e).
"Lipo" a aussi profité de l'abandon de Remco Evenepoel qui pourrait le rejoindre dès 2026 dans l'équipe allemande.
Quatrième, le Britannique Oscar Onley, 22 ans, représente également l'avenir.
Deux Français qu'on n'attendait pas à ce niveau se glissent dans le Top 10 avec la septième place de Kévin Vauquelin et la dixième de Jordan Jégat.
Le premier a réussi un Tour enthousiasmant au sein d'une équipe Arkéa-B&B Hotels qui aurait difficilement pu faire mieux pour convaincre des partenaires à la sauver de la disparition.
Jegat, longtemps resté chez les amateurs, a montré avec panache qu'il n'y a pas forcément besoin d'être super fort à 18 ans pour avoir un avenir dans le cyclisme.
G.Brambilla--GdR