

Tour de France: le carton jaune de la discorde
La décision d'infliger lundi un carton jaune à quatre coureurs du Tour de France, une nouveauté cette année, a suscité de nombreuses critiques dans le peloton, où certains déplorent une mesure "injuste" et "trop aléatoire".
L'Italien Davide Ballerini, le Néerlandais Danny van Poppel, le Belge Edward Theuns et le Français Bryan Coquard ont été sanctionnés lundi soir par le jury des commissaires à l'issue d'une troisième étape particulièrement chaotique.
C'est surtout Coquard qui a été dans l'oeil du cyclone puisque le coureur de la Cofidis a involontairement fauché, lors du sprint intermédiaire, le maillot vert Jasper Philipsen, contraint à l'abandon avec une fracture de la clavicule.
Quasiment en larmes à l'arrivée, le Français a tout de suite fait amende honorable, assurant qu'il n'avait vraiment pas fait exprès et qu'il n'était "pas un mauvais bougre", avant de présenter ses excuses à Philipsen et son équipe Alpecin.
"Il était vraiment dans le mal hier soir", a témoigné son coéquipier Benjamin Thomas.
Si Coquard s'est fait houspiller par un coéquipier de Philipsen juste après l'incident, le manager d'Alpecin, Philip Roodhooft, ne lui en tenait d'ailleurs pas rigueur, soulignant le geste involontaire du sprinteur français.
Cela n'a pas empêché "Le Coq" de recevoir, outre un paquet d'insultes sur les réseaux sociaux, un carton jaune pour "sprint irrégulier", une nouveauté cette année.
- "Tous rentrer à la maison -
"C'est une sanction injustifiée. Bryan n'a commis aucune erreur, c'est un fait de course malheureux", a regretté mardi Cédric Vasseur, le manager général de Cofidis. "Comme cela touche le porteur du maillot vert, on se dit qu'on doit absolument réagir. Mais, à ce moment-là, on distribue 25 cartons jaunes par étapes et on peut tous rentrer à la maison au bout de quatre jours", a-t-il ajouté.
En cas de deuxième carton jaune, le coureur doit en effet faire ses valises, selon les modalités de ce nouveau système mis en place en début de saison par l'Union cycliste internationale (UCI) pour tenter de discipliner un peloton de plus en plus rapide.
En juin, le Néerlandais Oscar Riesebeek avait été le premier à recevoir deux cartons jaunes lors de la même épreuve, ce qui lui avait valu d'être exclu du Tour de Belgique et d'être suspendu sept jours.
Trois cartons jaunes sur une période de 30 jours valent deux semaines de suspension et six sur une période d'un an sont sanctionnés par une suspension de 30 jours.
Le sprinteur français Paul Penhoët, également impliqué dans une chute violente lundi tout comme Emilien Jeannière, obligé de trouver un dentiste à 20h00 pour réparer une dent cassée, avait écopé d'un carton jaune lors du dernier Critérium du Dauphiné.
- "Il fallait en passer par là" -
"C'est moi qui m'étais fait prendre en sandwich alors que je gardais juste la roue de mon poisson pilote, et au final c'est moi qui ai reçu un carton jaune. C'est frustrant. Je trouve que c'est trop aléatoire et que ça dépend aussi du statut du coureur", déplore-t-il auprès de l'AFP.
De nombreux autres coureurs se sont plaints depuis le début de l'année. Avant le Tour de France, 159 cartons jaunes avaient été distribués, dont moins de 42% à des coureurs, puisque la sanction concerne aussi les directeurs sportifs ou encore les pilotes moto ou auto présents en course.
Directeur de course du Tour de France, Thierry Gouvenou admet qu'il "a pu parfois y avoir des abus", sans évoquer un cas en particulier, mais qu'il fallait "en passer par là pour remettre un peu de respect dans le peloton".
"L'objectif premier n'est pas de suspendre les coureurs mais de leur faire comprendre quand ils se comportent mal. C'est vrai que pour les sprinteurs, c'est un peu chaud car ils ont vite fait d'en prendre deux."
Dans le peloton, certains ont préféré en rire mardi à l'image de Remco Evenepoel, ancien "footeux" qui, en début d'étape, a mimé un arbitre brandissant un carton jaune à Danny van Poppel, un des quatre sanctionnés de la veille.
R.Martini--GdR