

Tour d'Italie: Astana, la folle remontada
Donnée pour perdue en début d'année, l'équipe Astana réussit une folle remontée au classement mondial UCI et semble désormais partie pour rester dans le World Tour, à la faveur d'une stratégie bien précise et parfaitement assumée.
Mardi, la formation kazakhe a vécu une nouvelle journée au paradis, lors de la 16e étape du Tour d'Italie, remportée par son coureur italien Christian Scaroni devant son coéquipier et compatriote Lorenzo Fortunato qui, en route, a conforté son maillot de meilleur grimpeur.
Un carton plein... et une nouvelle valise de points UCI pour ajouter à un coffre-fort qui ne cesse de se remplir depuis le début d'année.
Le timing est idéal: la saison 2025 marque en effet la dernière d'un cycle de trois ans de relégation/promotion dans le World Tour, la première division du cyclisme qui regroupe les dix-huit meilleures équipes du monde.
Au début de l'année, Astana était au plus mal, classée 21e avec près de 5.000 points de retard sur le dernier non-relégable.
Mais, en même pas moins cinq mois, l'équipe d'Alexandre Vinokourov a déjà rattrapé son retard. Elle figurait ce lundi en terre promise, au 18e rang, devant la formation Picnic de Romain Bardet, et souffle dans la nuque de Cofidis et Intermarché.
"Soyons honnêtes, si on avait dit ça en début de saison, on nous aurait taxés de fous", résume le Grec Vasilis Anastopoulos, directeur de la performance de l'équipe.
- "Courses rentables" -
Pour réussir cet exploit, les dirigeants de la structure kazakhe appuyée par son nouveau sponsor et équipementier chinois XDS utilisent une double recette.
La première, assez classique, consiste en un recrutement ciblé en attirant cet hiver des coureurs capables de scorer comme Wout Poels, Diego Ulissi, Clément Champoussin ou Sergio Higuita.
La deuxième est plus innovante et relève d'une approche scientifique dans un sport de plus en plus connecté. Astana, comme d'autres équipes, a recruté cet hiver un "data scientist" français -un spécialiste des données-, Morgan Saussine, qui a travaillé dans la finance, pour notamment optimiser le calendrier de l'équipe.
L'idée est d'envoyer les coureurs sur des courses précises en fonction de différents paramètres pour maximiser les chances de marquer et tirer profit d'un barème de points complexe où des placettes dans des petites courses rapportent parfois autant que des victoires sur des épreuves plus prestigieuses.
"On a beaucoup travaillé sur les choix de courses rentables grâce à un logiciel créé par notre data-analyste qui nous guide sur telle ou telle épreuve en fonction de la concurrence et donc des probabilités de récupérer ou pas des points UCI. On a choisi par exemple de ne pas aller au Tour de l'Algarve car avec Jonas Vingegaard, Primoz Roglic mais aussi une grosse équipe UAE, on avait plus de chances de revenir bredouilles", expliquait Vinokourov au journal L'Equipe en début d'année.
- La Chine plutôt que l'Algarve -
A la place du Portugal, Astana s'est rendu en Chine sur l'improbable Tour d'Hainan, classé dans la même catégorie malgré un plateau beaucoup plus faible. Résultat: deux victoires d'étape pour Matteo Malucelli et Aaron Gate.
Juste avant le Giro, l'équipe a aussi fait le plein au modeste Tour de Turquie, remportant quatre étapes et le classement général avec Wout Poels. "Une semaine parfaite, selon le coureur néerlandais. On gagne plusieurs étapes, on finit 1 et 2 au général (avec aussi Martin Lopez qui remportera ensuite le Tour de Hongrie) et on ramène le maillot de la montagne. Cela nous a permis d'engranger le maximum du points, c'est un grand succès."
En début d'année, cette stratégie avait déjà permis à Scaroni de remporter la Classic Var et le Tour des Alpes-Maritimes avec à chaque fois plusieurs coéquipiers sprintant pour les places d'honneur, richement dotées en points.
Entre le 21 février et le 27 mai, l'équipe a ainsi décroché 16 succès, contre 12 sur toute l'année 2024, et figure au troisième rang du classement 2025.
A ce rythme, le maintien paraît donc en très bonne voie, alors qu'il semblait improbable il y a à peine trois mois.
V.Bellini--GdR