Giornale Roma - Au Kosovo, engouement autour d'un antidiabétique détourné en cure minceur

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Au Kosovo, engouement autour d'un antidiabétique détourné en cure minceur
Au Kosovo, engouement autour d'un antidiabétique détourné en cure minceur / Photo: Armend NIMANI - AFP

Au Kosovo, engouement autour d'un antidiabétique détourné en cure minceur

Médicament antidiabétique, l'Ozempic gagne en popularité au Kosovo pour ses propriétés amincissantes, un engouement qui fait grimper la demande et pèse sur les prix, malgré les avertissements sur de possibles effets secondaires.

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Le Kosovo n'a pas échappé au phénomène international de ce médicament détourné de son usage initial et l'Ozempic a envahi il y a environ cinq ans le marché de ce pays des Balkans devenu culturellement lié à l'Occident.

L'un de ses dernières adeptes est cette influenceuse aux plus de 15.000 followers qui a "décidé d'essayer". "Je veux perdre 15-16 kilos en deux mois", explique à l'AFP Tringa Kadriu, 29 ans, "et ensuite je continuerai avec le fitness".

Conçu pour traiter le diabète de type 2, le médicament repose sur l'imitation d'une hormone gastro-intestinale (GLP-1) qui active des récepteurs dans le cerveau jouant un rôle dans la régulation de l'appétit.

L'Ozempic connaît un succès mondial parmi les non-diabétiques hors de son indication première afin de maigrir, et ils en font une promotion parfois virale sur les réseaux sociaux. Autorisé par exemple en 2017 aux Etats-Unis contre le diabète de type 2, il avait rapidement fait un carton.

Au Kosovo, il est aisé de s'en procurer.

"J'ai vérifié beaucoup de pharmacies au Kosovo" et "l'Ozempic est très facile à obtenir. On m'a dit que l'on pouvait venir quand on veut pour obtenir le médicament. On m'a même conseillé de commencer avec une dose de 0,25 et d'augmenter progressivement à 0,5 et 1,0 milligrammes", raconte Tringa Kadriu.

- Sans prescription -

"Il y a un grand intérêt pour l'utilisation de ce médicament par des personnes qui n'ont pas de diabète mais souffrent d'obésité", explique Merita Emini-Sadiku, directrice de la clinique d'endocrinologie au Centre clinique universitaire du Kosovo.

Le médicament peut être inclus, sous contrôle, dans la thérapie anti-obésité par des spécialistes "lorsqu'un patient obèse présente des facteurs de risque de développer du diabète", estime-t-elle. Mais hors de question qu'il serve "uniquement pour des raisons esthétiques".

Selon elle, la dose mensuelle est passée de 75-80 euros à 130-140 euros, "probablement en raison de la forte demande".

Ce médicament "doit être prescrit par un médecin", avertit Mme Emini-Sadiku, car il peut provoquer des effets secondaires dont les gens n'ont pas conscience. De récentes études suggèrent notamment la possibilité de développer un cancer de la thyroïde, outre les risques de pancréatite ou d'obstruction intestinale.

Cependant, Tringa Kadriu assure voir "tous les jours au travail des collègues qui prennent de l'Ozempic" et elle "ne voi(t) aucun symptôme qui (la) dissuaderait".

Dans une pharmacie du centre de Pristina, une vendeuse, qui souhaite rester anonyme, ne se souvient pas de la dernière fois où quelqu'un est venu pour se procurer de l'Ozempic avec une ordonnance pour le diabète.

"Nous avons une demande constante pour l'Ozempic sans ordonnance. Vous pouvez deviner pourquoi", glisse-t-elle.

Dans une réponse écrite à l'AFP, le ministère de la Santé reconnaît que "l'utilisation de l'Ozempic est devenue courante au Kosovo", "de plus en plus utilisé à des fins de perte de poids", alors même que "cette utilisation n'a pas encore été approuvée au Kosovo".

- "Gaspillage" -

Un médecin généraliste, qui préfère également garder l'anonymat, explique qu'il déconseille à ses patients de l'utiliser pour maigrir "parce qu'il doit sa popularité surtout au fait que de grands noms comme Elon Musk et Oprah Winfrey l'ont utilisé".

Certaines expériences dans l'utilisation du médicament pour traiter l'obésité se sont révélées décevantes. "J'ai pris de l'Ozempic sur les conseils d'un médecin pendant deux ans mais cela n'a eu aucun effet", témoigne ainsi Lulzim Rrahmani. Ce commerçant de 48 ans déplore un "gaspillage d'argent et de temps".

Mme Emini-Sadiku plaide pour un contrôle accru de sa circulation. Mais "malheureusement, il n'y a pas de données" puisque le Kosovo "n'a pas de système d'information sur la santé dans lequel chaque patient et chaque médicament utilisé est enregistré", souligne le journaliste spécialisé Bujar Vitija.

"Il y a 1.500 ou 1.600 pharmacies privées sur le territoire" et il est selon lui "impossible qu'elles soient surveillées par l'inspectorat pharmaceutique avec seulement 20 inspecteurs".

L.Ferrari--GdR