

Le Doliprane passe officiellement sous pavillon américain
Doliprane, médicament le plus prescrit en France, passe officiellement sous pavillon américain, avec la finalisation mercredi de la cession par Sanofi au fonds d'investissement CD&R du contrôle de l'entreprise qui produit la populaire boîte jaune.
"C'est officiel: Opella est à présent une entreprise indépendante": le bouclage de cette opération, dont l'annonce en octobre avait suscité une levée de boucliers de responsables politiques et des syndicats, a été confirmé juste avant l'assemblée générale des actionnaires du géant pharmaceutique, mercredi après-midi à Paris.
Sanofi cède 50% de sa filiale Opella, qui produit notamment le Doliprane, au fonds américain CD&R, tout en conservant une participation de 48,2% dans cette entreprise commercialisant des traitements sans ordonnance et des vitamines, minéraux et compléments.
"Ce changement d'actionnariat ne change rien : Doliprane restera en France pour les Français", a assuré la PDG d’Opella, Julie Van Ongevalle, au cours de l'assemblée générale au Palais des Congrès, situé Porte Maillot.
Avec "les engagements pris en matière sociale, d'emplois, d'investissement, nous avons pris en compte l'ensemble des parties", a de son côté affimé le président du conseil d'administration de Sanofi, l'ex-banquier Frédéric Oudéa.
S'adressant aux actionnaires, il a souligné que "Sanofi a reçu 10 milliards d'euros" de la cession d'Opella et rappelé qu'il a décidé de les récompenser en allouant la moitié à un rachat d'actions et "d'investir" pour assurer la croissance du groupe avec l'intelligence artificielle comme moteur.
Hausse de 14,3% de la rémunération fixe
Les actionnaires ont approuvé sans enthousiasme massif la politique de rémunération de Paul Hudson, la résolution sur ce volet ayant été adoptée avec 75,36% des voix.
La rémunération fixe annuelle du dirigeant britannique va passer de 1,4 million d'euros (montant brut fixé en 2022) à 1,6 million pour 2025, soit une hausse de 14,3%.
"J'ose espérer que vous aller proposer aux salariés une augmentation de 14%", a ironisé un homme présent dans la salle.
Une augmentation au titre de la rémunération en actions pour 2025 a également été entérinée.
Comparé aux deux années précédentes, où les représentants syndicaux étaient venus en force pour créer du remous, leur présence a été nettement plus discrète pour cette édition 2025.
"Porte-maillot la veille du 1er mai, cela nous coupe l'herbe sous le pied, mais c'est volontaire. Ils savent pertinemment que derrière, c'est très compliqué de remobiliser", critique Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France.
"On est vraiment agacés, parce qu'on voit qu'il n'y a pas de prise en compte" des attentes exprimées par les salariés : "en gros, on apprend que M. Paul Hudson (NDLR: directeur général de Sanofi) va être augmenté", "qu'on continue sur ce qui ne fonctionne pas", déclare-t-il à l'AFP.
"Point chaud"
Hormis la cession d'Opella, le syndicaliste pointe un autre "points chaud qui nous mobilise beaucoup: la vente du site de d'Amilly" dans le Loiret, où sont fabriquées les marques Aspegic et Kardegic, et où un mouvement de grève est en cours depuis cette annonce du 5 mars.
"On souhaite rester dans le giron de Sanofi", a déclaré à l'AFP Laurent Boitard délégué syndical central CGT, indiquant que "pas loin de 40% du personnel" continue les débrayages et que "les négociations des mesures d'accompagnement débuteront le 12 mai".
Cette nouvelle séparation est "le résultat des choix stratégiques qui ont été retenus sur ce site et qui ont fait perdre trop d'activité", en écartant par exemple des produits pâteux, comme le dentifrice, selon lui.
La scisson en 2022 de la division des principes actifs pharmaceutiques, Europai, laisse un goût amer: le patron de Sanofi admet que le parcours de l'entreprise est "plus difficile que prévu en partie pour des raisons externes" et les syndicats redoutent d’être entraînés dans un scénario similaire.
"Sanofi est maintenant mieux positionné" pour devenir un champion de l'immunologie et "affronter des vents contraires" a affirmé M. Hudson, promettant de garder "les pieds sur terre ces prochaines années".
C.Gatti--GdR