

Varsovie et ses alliés dénoncent une "provocation" russe après l'intrusion de drones en Pologne
Varsovie et ses alliés ont dénoncé mercredi une "provocation" russe après l'intrusion de drones dans l'espace aérien de la Pologne lors d'une attaque contre l'Ukraine et l'interception de plusieurs de ces aéronefs par les armées polonaises et l'Otan.
"Dix neuf violations ont été identifiées" et "nous avons actuellement confirmé que trois drones ont été abattus", a déclaré le Premier ministre Donald Tusk devant le Parlement polonais, donnant un premier bilan de l'opération qui a duré "toute la nuit".
Ni les drones, dont on ignore à ce stade si leur tir vers la Pologne était intentionnel, ni leur destruction n'ont apparemment fait de victimes, a assuré Donald Tusk au sujet de l"'action russe" qu'il a qualifiée de "provocation à grande échelle".
Sept drones et les débris d'un projectile encore indéterminé ont été retrouvés, selon le ministère polonais de l'Intérieur, qui a précisé qu'une maison et une voiture ont été endommagées dans l'est du pays.
Varsovie a demandé à l'Otan d'activer l'Article 4 du traité Atlantique qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace contre l'un de ses membres.
Le Conseil de l'Atlantique nord -- principal organe de décision politique de l'Organisation --s'est retrouvé mercredi matin au niveau des ambassadeurs des 32 pays de l'Otan, pour une réunion prévue de longue date. Les Alliés ont décidé que cette réunion se tiendrait dans le cadre de l'article 4 du traité de l'Alliance.
Cet article stipule que "les parties se consulteront chaque fois que, de l'avis de l'une d'elles, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique ou la sécurité de l'une des parties sera menacée".
"De nombreux drones ont pénétré l'espace aérien polonais pendant la nuit et ont été confrontés aux défenses aériennes polonaises et de l'Otan", a affirmé la porte-parole de l'Alliance atlantique Allison Hart sur le réseau social X.
Ces incursions "sans précédent" selon la Pologne, pays membre de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique, surviennent à la veille de grandes manoeuvres militaires conjointes russo-bélarusses, baptisées Zapad-2025 (Ouest-2025), programmées du 12 au 16 septembre.
Le Bélarus, une ancienne république soviétique frontalière de la Pologne, est un allié clé de la Russie, qui s'est servie de son territoire pour déclencher son offensive contre l'Ukraine en février 2022.
Varsovie a décrété la fermeture de sa frontière avec le Bélarus à partir de jeudi et annoncé en réponse aux manoeuvres Zapad un exercice militaire sur son sol qui doit au total rassembler 30.000 soldats, dont ceux de pays alliés.
- Pas de "preuves" -
Evoquant un "ciblage délibéré", le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu'au moins huit drones russes avaient été "dirigés vers la Pologne". Simultanément, la Russie a lancé 458 drones et missiles contre l'Ukraine, selon l'armée ukrainienne.
"L'Ukraine propose depuis longtemps à ses partenaires la création d'un système commun de défense aérienne afin de garantir la destruction" des drones et missiles russes, a expliqué M. Zelensky sur X.
Alors que le Kremlin restait silencieux, le chargé d'affaires de la Russie en Pologne a été convoqué au ministère polonais des Affaires étrangères.
"J'ai été convié au ministère des Affaires étrangères à 12H00 (10H00 GMT)", a déclaré Andreï Ordach. Il a ajouté que Varsovie n'avait pas fourni pour l'heure de "preuves" sur l'origine russe présumée de ces drones et a dénoncé des accusations "infondées".
Le Bélarus a lui-même affirmé mercredi avoir abattu des drones au-dessus de son territoire dans la nuit, sans en préciser la provenance.
D'après son ministère de la Défense, des drones ayant "perdu leur trajectoire" ont été détruits, sans dire s'il s'agissait de drones russes ou ukrainiens.
- "Un acte intentionnel" -
Plusieurs alliés de Varsovie ont vivement réagi. Le président français Emmanuel Macron a appelé Moscou à "mettre fin à cette fuite en avant" tandis que la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a fustigé "la violation la plus grave de l'espace aérien européen par la Russie depuis le début de la guerre".
"Les indications suggèrent qu'il s'agissait d'un acte intentionnel, non accidentel", a-t-elle déclaré sur X.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est dit, lui, "profondément inquiet" devant "un acte extrêmement dangereux de la part de la Russie, qui ne fait que nous rappeler le mépris flagrant du président (russe Vladimir) Poutine pour la paix".
En août, Varsovie avait adressé à Moscou une note de protestation après la chute et l'explosion d'un drone dans l'est du pays. En 2023, un missile russe avait traversé l'espace aérien polonais en survolant sa frontière avec l'Ukraine.
Dimanche, la Russie avait lancé la plus grande vague de drones et missiles sur l'Ukraine depuis le début de la guerre qui a fait plusieurs morts et blessés, frappant pour la première fois le siège du gouvernement.
P.Vincenze--GdR