

Gaza: l'ONU dénonce une horreur "sans fin", Israël intensifie ses opérations
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a dénoncé jeudi "un catalogue sans fin d'horreurs" à Gaza, peu après que la Défense civile y ait rapporté la mort de 26 personnes tuées par l'armée israélienne depuis l'aube.
"Gaza est jonchée de décombres, jonchée de corps, et jonchée d'exemples de ce qui pourrait constituer de graves violations du droit international", a déclaré le chef de l’ONU près de 700 jours après le début de la guerre qui a ravagé le territoire palestinien.
Sur place, des dizaines d'habitants ont emprunté la route côtière pour quitter le nord du territoire et rejoindre le sud, a constaté un photographe de l'AFP dans les environs de Nousseirat, dans le centre.
Sur des charrettes tirées par des ânes, après avoir empilé des dizaines de sacs sur un toit de véhicules endommagés, ou même à pied, ces Gazaouis tentent de se mettre à l'abri.
Pour beaucoup, c'est un énième déplacement, les Nations unies estimant que près de la totalité de la population a du quitter son logement au moins une fois en près de deux ans en raison des combats et des bombardements.
Malgré des pressions grandissantes, aussi bien à l'international qu'au sein de la société israélienne, pour mettre un terme à la guerre, l'armée a déclaré jeudi matin que ses soldats "poursuivent leurs opérations contre les organisations terroristes dans toute la bande de Gaza".
Elle a cité des activités en cours à Khan Younès (sud) et dans le nord du territoire où se trouve Gaza-ville.
Le porte-parole de l'organisation de premiers secours de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a rapporté à l'AFP un bilan de "26 martyrs à la suite des bombardements israéliens continus sur la bande de Gaza depuis le lever du jour."
Interrogé sur les faits rapportés, dont beaucoup impliquent des frappes aériennes israéliennes, l'armée a dit ne pas être en mesure de commenter sans que les coordonnées précises ne lui soit fournies pour cette dizaine d'évènements.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations de la Défense civile ou de l’armée israélienne.
- "Point de rupture" -
"J'étais à l'école Zeitoun et des quadricoptères ont survolé nos têtes de 01h00 à 08h00. Il y a eu des explosions toute la nuit. J'ai été blessée, mon mari a été blessé par des éclats et mon fils a également été blessé à la tête. Dieu merci, nous avons survécu, mais il y a eu des martyrs", a témoigné auprès de l'AFP Aya Daher depuis la ville de Gaza.
"Où pouvons nous aller?", interroge cette mère de famille, le bras en écharpe.
Entourée par ses enfants, elle s'est assise devant un hôpital, espérant pouvoir s'y réfugier.
L'armée et le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense supervisant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés, assurent avoir pris des mesures pour faciliter "le passage en toute sécurité des habitants vers le sud de la bande de Gaza pour leur protection."
Un porte-parole de l'armée israélienne avait affirmé mercredi que l'évacuation de Gaza-ville était "inévitable" dans le cadre de la poursuite des opérations militaires dans le territoire palestinien.
Mais de nombreux acteurs humanitaires jugent ce projet irréaliste et dangereux.
L'ONU estime à près d'un million de personnes la population actuelle du gouvernorat de Gaza, qui comprend Gaza-ville et ses environs.
A l'issue d'une visite de terrain, la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain, a déclaré que la bande de Gaza, où sévit selon l'ONU une famine, est arrivée à un "point de rupture."
Après avoir interdit en mars l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, Israël a autorisé en mai son retour, même si elle est jugée largement insuffisante par les humanitaires.
Des experts des droits de l'homme de l'ONU ont également déclaré plus tôt jeudi avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient "disparu de force" après s'être rendues sur des sites de distribution d'aide à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), qui opère ces sites, a répondu qu'il n'y avait "aucune preuve de disparitions forcées" aux abords de ses sites.
La guerre a été déclenchée en riposte à l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP reposant sur des données officielles.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent retenues dans la bande de Gaza dont au moins 27 sont mortes selon l'armée.
L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 62.966 morts dans ce territoire palestinien, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.
G.Vitali--GdR