Gaza: Israël et le Hamas s'accusent mutuellement d'enrayer les négociations sur une trêve
Le Hamas et Israël se sont mutuellement accusés samedi d'enrayer leurs négociations indirectes pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, où plus de 20 Palestiniens ont été tués dans des frappes israéliennes selon la Défense civile locale.
Une source palestinienne proche des pourparlers lancés dimanche à Doha par le biais de médiateurs étrangers a d'abord blâmé "l'insistance d'Israël" pour un plan de retrait de ses troupes de Gaza, que le Hamas "rejette fermement".
Un responsable politique israélien a répondu en soirée en accusant le mouvement islamiste palestinien de refuser de "faire des compromis" et de mener "une guerre psychologique visant à saboter les négociations".
La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. En représailles, l'armée israélienne a lancé une offensive destructrice, s'emparant de vastes secteurs de la bande côtière palestinienne.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé ces derniers jours les objectifs de son pays: libérer les otages toujours retenus, désarmer le Hamas et le chasser de Gaza.
Les négociations à Doha rencontrent "des obstacles et des difficultés complexes", a dit à l'AFP la source palestinienne, affirmant qu'Israël s'en tient à une carte qui prévoie "le maintien de (ses) forces sur plus de 40% de la superficie de Gaza".
Selon elle, l'armée israélienne envisagerait de se redéployer tout autour du territoire de plus de deux millions d'habitants, assiégés par Israël depuis 21 mois et vivant dans des conditions terribles selon l'ONU.
Sept agences onusiennes ont averti dans une déclaration commune que la pénurie de carburant à Gaza avait atteint un "niveau critique" et constituait un "nouveau fardeau insupportable" pour "une population au bord de la famine".
- "Des progrès" malgré tout -
Israël a pour objectif "d'entasser des centaines de milliers de déplacés" dans le sud de Gaza, "en préparation d'un déplacement forcé de la population vers l'Egypte ou d'autres pays", a accusé la même source palestinienne.
"Le Hamas a exigé un retrait total des forces israéliennes de toutes les zones reprises par Israël après le 2 mars 2025", a précisé à l'AFP une deuxième source palestinienne, accusant Israël "de retarder et d'entraver l'accord, afin de poursuivre sa guerre d'extermination".
Elle a tout de même fait état de "progrès" sur les questions liées à l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza et l'échange d'otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
"Israël a démontré sa volonté de faire preuve de flexibilité dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et campé sur ses positions", a dénoncé le responsable israélien.
Avant son retour d'une visite aux Etats-Unis, où il a rencontré le président Donald Trump, M. Netanyahu a affirmé jeudi qu'il était prêt à négocier un cessez-le-feu permanent à Gaza après une éventuelle trêve de 60 jours.
Mais il a conditionné un cessez-le-feu permanent à un désarmement du Hamas et à un abandon par ce mouvement de la gouvernance du territoire.
- "250 cibles terroristes" -
Dans la bande de Gaza, parmi les plus de 20 morts rapportés, un homme, sa femme et leur enfant ont péri dans leur tente après une frappe nocturne israélienne sur un camp de déplacés de Deir al-Balah, selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile.
L'armée israélienne a indiqué avoir "frappé environ 250 cibles terroristes" au cours des dernières 48 heures à travers le territoire palestinien.
Ces cibles comprenaient "des combattants, des bâtiments piégés, des dépôts d'armes, des postes de lancement de missiles antichars, des postes de snipers, des tunnels et d'autres infrastructures terroristes", a-t-elle détaillé.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.
L'attaque du 7-Octobre a fait 1.219 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Au moins 57.882 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
C.Neri--GdR