

Un deuxième journaliste tué au Pérou depuis le début de l'année
Un journaliste péruvien, animateur d'une radio dans la région de Loreto, à la frontière avec le Brésil, a été tué mercredi par des hommes armés au moment où il arrivait sur son lieu de travail, a annoncé le principal syndicat de journalistes du Pérou.
Il s'agit du deuxième journaliste tué au Pérou depuis le début de l'année, après le meurtre de Gaston Medina, en janvier à Ica, dans le sud du pays, qui dénonçait des cas de corruption et d'extorsion.
"Le journaliste Raul Celis Lopez, de la radio La Karibeña, à Iquitos, a été assassiné vers 05H30 tandis qu'il se rendait à son journal à bord d'une moto-taxi", a annoncé sur X l'Association nationale des journalistes (ANP), précisant qu'il avait été pris pour cible par deux hommes circulant à moto.
"L'ANP exige une action rapide et diligente dans cette nouvelle affaire qui endeuille le journalisme national", a ajouté le syndicat.
Raul Celis Lopez, 70 ans, animait une émission quotidienne populaire sur la radio La Karibeña, où il critiquait la violence criminelle dans sa ville.
"On n'écarte pas la possibilité que l'événement soit survenu en lien avec son travail journalistique", a estimé l'ONG Institut Presse et Société.
Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), une organisation indépendante basée à New York, s'est dit sur X "profondément préoccupé" par cet assassinat et a exhorté les autorités à mener "une enquête approfondie pour déterminer si sa mort est liée à son travail de journaliste".
- "Pas peur" -
"Nous rejetons fermement la violence et l'impunité qui semblent régner dans nos rues", a réagi la radio La Karibeña sur le réseau social X.
Selon Anita Tirado, coordinatrice de la station, le journaliste présentait une émission d'information quotidienne dans laquelle il s'intéressait aux prêts informels octroyés par les mafias.
"Il n'avait pas peur, chaque jour il faisait des commentaires sur les gota a gota", ces prêts informels à taux élevés, souvent associés à des groupes criminels, où les emprunteurs sont soumis à des méthodes de recouvrement violentes en cas de non-remboursement, a-t-elle déclaré à la radio Exitosa.
Le ministère de l'Intérieur a ordonné le déploiement à Iquitos d'effectifs de la police spécialisés, tandis que le ministère public a annoncé l'ouverture d'une enquête.
Le Pérou occupe le 125e rang sur 180 dans l'Indice de la liberté de la presse 2024 de Reporters sans frontières, dans lequel il enregistre une chute depuis 2022.
L'ANP a recensé 392 attaques et agressions contre des journalistes en 2024, le nombre le plus élevé enregistré depuis le début du siècle.
Le Pérou connaît une vague d'extorsion et de crimes violents qui a conduit les autorités à déclarer l'état d'urgence dans plusieurs régions du pays.
E.Barbieri--GdR