

La dengue refait une inquiétante apparition au Bangladesh
Nouvelle alerte à la dengue au Bangladesh: l'épidémie de fièvre, propagée par les moustiques, a refait une apparition dans les hôpitaux des districts côtiers du pays, contraints de soigner les malades à même le sol.
A l'heure où le réchauffement climatique modifie en profondeur la météo mondiale, les experts imputent cette brutale résurgence du virus au manque d'eau potable dans les régions du delta des fleuves Brahmapoutre et Gange.
A Barisal (nord), Azmeri Mona Lisa Zareen est morte de la dengue au début du mois et sa fillette de deux ans est inconsolable.
"Ma femme a développé une forte fièvre (...) sa tension est tombée et elle ne pouvait plus respirer", dit son époux, Rakibul Islam Rajan, 31 ans. "Depuis sa mort, notre fille n'en finit pas de la chercher partout".
Près de la moitié des 7.500 cas enregistrés au Bangladesh en 2025 l'ont été dans le district de Barisal, selon l'Institut d'épidémiologie, de recherche et de contrôle des maladies (IEDCR).
Cinq patients en sont morts, pour un total de 31 recensés dans tout le pays cette année.
Ces chiffres sont encore loin de ceux constatés pendant l'épisode de 2023, où plus de 200.000 cas, dont 1.700 mortels, avaient été dénombrés.
Mais dans la petite localité de Barguna, le responsable local des services de santé, Shyamol Krishna Mondal, est formel: l'épidémie actuelle est "la pire jamais vue" dans son secteur.
Plus de 200 malades de la dengue y ont déjà été hospitalisés. "Nous n'avons plus de lits pour eux", assure-t-il, "nous soignons les gens par terre".
Epidémiologiste à l'université Jahangirnagar de Dacca, Kabirul Bashar estime que le manque d'eau potable constitue "l'une des principales causes" de la récente flambée de dengue.
- "Eaux stagnantes" -
"Le système de distribution d'eau potable est quasi inexistant" dans certaines régions du pays de 170 millions d'habitants, relève-t-il.
Résultat, nombre d'entre eux sont contraints de recourir, pour leurs besoins essentiels, à de l'eau de pluie qu'ils stockent dans des conteneurs, ce qui favorise le développement des moustiques porteurs de la maladie.
En outre, notent les scientifiques, le changement climatique multiplie les tempêtes, qui propagent l'eau de mer salée plus à l'intérieur des terres, contaminant puits et lacs.
"Il faut tout faire pour éviter la multiplication des eaux stagnantes. La règle devrait être intangible, malheureusement ce n'est pas le cas", déplore Mushtuq Husain, spécialiste de santé publique et conseiller à l'IEDCR.
"La hausse des températures et les précipitations de plus en plus erratiques, propices à la reproduction des moustiques, ne font qu'accroître notre vulnérabilité", insiste-t-il.
La dengue est présente au Bangladesh depuis les années 1960 mais les autorités sanitaires n'y ont recensé la première épidémie qu'en 2000.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment mis en garde contre les risques d'accélération de la dengue et des autres infections véhiculées par les moustiques, à la faveur du réchauffement des températures.
Près de la moitié de la population mondiale est désormais considérée comme menacée par ces maladies, selon l'OMS, qui recense chaque année de 100 à 400 millions de cas de dengue.
A Barisal, Rakibul Islam Rajan redoute que son épouse n'en soit que l'une des premières victimes et reproche aux autorités de ne pas en faire assez contre la prolifération des moustiques.
"Ma femme est morte de la dengue, je ne sais pas combien d'autres vont suivre", s'inquiète-t-il. "et je ne vois pas beaucoup de nettoyage".
S.Monti--GdR