Giornale Roma - Violences policières contre Michel Zecler: la Défenseure des droits pointe des faits d'une "extrême gravité"

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Violences policières contre Michel Zecler: la Défenseure des droits pointe des faits d'une "extrême gravité"
Violences policières contre Michel Zecler: la Défenseure des droits pointe des faits d'une "extrême gravité" / Photo: - - Michel Zecler/AFP/Archives

Violences policières contre Michel Zecler: la Défenseure des droits pointe des faits d'une "extrême gravité"

Cinq ans après l'interpellation très violente du producteur de musique noir Michel Zecler, la Défenseure des droits réclame que les policiers mis en cause passent enfin devant un conseil de discipline pour des manquements déontologiques graves, dont la tenue de propos racistes.

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"Les faits dont a été victime Michel Zecler sont d'une extrême gravité, à la fois pour la victime mais également pour l'image de la police et la confiance qu'elle doit inspirer aux citoyens. Ils appellent une réponse disciplinaire très claire de la part du ministère de l'Intérieur", a souligné la Défenseure des droits Claire Hédon, qui a rendu les conclusions de son enquête dans une décision publiée vendredi.

L'affaire avait fait grand bruit en 2020, images vidéo à l'appui de l'interpellation violente de Michel Zecler par des policiers lui portant 29 coups en quelque quatre minutes, occasionnant une incapacité totale de travail de 45 jours. Le président Emmanuel Macron avait dénoncé "une agression inacceptable", réclamé une police "exemplaire" et demandé des sanctions claires.

Depuis, l'IGPN - la "police des polices" - a mené une enquête administrative permettant "d'établir les faits (...) et manquements déontologiques", et "proposé au préfet de police de Paris que les quatre policiers comparaissent devant le conseil de discipline" dans ses conclusions rendues en juillet 2021, rappelle la Défenseure des droits (DDD).

Les juges d'instruction ont ordonné en juin dernier le renvoi devant une cour criminelle de trois des quatre policiers, le quatrième sera jugé en correctionnelle. La circonstance aggravante de racisme a été écartée par la justice, faute de preuve.

Pour la Défenseure des droits, "la victime a fait l'objet d'insultes à caractère raciste en étant traitée de "sale nègre", insultes confirmées par le témoignage de quatre personnes présentes sur les lieux".

Auto-saisie comme elle en a la prérogative, la Défenseure des droits est une autorité administrative indépendante dotée de tous les pouvoirs d'enquêtes lui permettant d'avoir accès à toutes les pièces d'un dossier, d'auditionner des personnes, de faire des visites sur place.

- Le ministre de l'Intérieur saisi -

Son enquête a conclu à de multiples manquements déontologiques de la part des policiers ayant fait "un usage disproportionné de la force" et d'"un acharnement injustifié" envers Michel Zecler. elle a aussi conclu que le procès-verbal "n'a pas rendu compte fidèlement du déroulement des faits et qu'après l'interpellation, deux policiers ont "échangé des commentaires insultants" sur les réseaux sociaux concernant le producteur de musique.

Le 21 novembre 2020, Michel Zecler avait été interpellé devant chez lui pour non-port du masque - en période de regain de Covid - et suspicion de consommation de cannabis, puis passé à tabac dans son studio d'enregistrement, des faits filmés par une caméra de vidéosurveillance, dont les images ont été révélées sur le site Loopsider, pour devenir virales.

"Au regard de la gravité et de la multitude des manquements constatés et compte de tenu de l'absence de procédure disciplinaire engagée à ce stade, (le Défenseur des droits) saisit le ministre de l'Intérieur afin qu'il engage sans délai une procédure disciplinaire" à l'encontre des quatre policiers, indique la DDD dans sa décision.

Le ministre de l'Intérieur "dispose d'un délai de deux mois pour faire connaître les suites qu'il donnera à cette décision", stipule la DDD.

Les quatre policiers ont été suspendus le 26 novembre 2020, deux d'entre eux ont été incarcérés durant un mois après leur mise en examen. Trois sont toujours suspendus, a indiqué la préfecture de police à l'AFP, précisant que le quatrième exerce toujours dans un service, mais sans activité de voie publique.

L'affaire des violences policières dont a été victime Michel Zecler a amené à la création, à la demande du président de la République, de la plateforme antidiscriminations.fr, confiée au Défenseur des droits.

Depuis le lancement de la plateforme et de son numéro d'appel 3928 le 12 févier 2021, il y a eu 62.844 appels dont 1.293 appels pour le mois d’octobre 2025, selon les chiffres communiqués par le DDD à l'AFP.

Parmi ces appels, 42.064 (68%) concernaient une première demande, détaille le DDD, précisant que les deux principaux critères de discrimination étaient l'origine (26%) et le handicap (22%).

S.Rinaldi--GdR