

Affaire Maddie: le principal suspect est sorti de prison en Allemagne
Le principal suspect dans la disparition de la fillette britannique Madeleine McCann en 2007 au Portugal est sorti de prison mercredi en Allemagne mais il devra porter un bracelet électronique ces cinq prochaines années.
Christian Brückner, 48 ans, a purgé une peine d'emprisonnement de sept ans pour le viol d'une Américaine âgée de 72 ans en 2005 au Portugal, dans la région où la fillette britannique avait disparu.
Mais faute de preuves suffisantes, il n'a pu être mis en accusation dans l'affaire Maddie.
Le procureur allemand Christian Wolters, qui n'a pu empêcher cette remise en liberté, s'est inquiété de la libération d'un individu "foncièrement dangereux".
M. Brückner a quitté la prison de Sehnde (nord de l'Allemagne) "vers 09H15" (07H15 GMT)", a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'établissement pénitentiaire.
Dans un courriel à l'AFP, le procureur Wolters a précisé qu'il devra porter un bracelet électronique et informer au préalable le tribunal de tout changement de domicile ou de lieu de résidence et obtenir son accord.
Il se voit également attribuer un agent de probation avec lequel il doit rester en contact au moins une fois par mois.
"En cas de violation de ces conditions, il encourt une amende ou une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 3 ans", a ajouté M. Wolters.
Selon le magazine allemand Der Spiegel, la ville de Sehnde l'a informé que son passeport lui serait retiré, en échange d'une carte d'identité valide uniquement sur le sol allemand. Contactée par l'AFP, la municipalité de Sehnde n'a pas voulu faire de commentaire.
La disparition de Madeleine McCann, dite "Maddie", n'a jamais été élucidée malgré une campagne internationale et une mobilisation médiatique hors du commun.
Fausses pistes et rebondissements ont aussi participé au retentissement mondial de cette énigme criminelle.
Selon le procureur, l'expert-psychiatre qui a examiné récemment Christian Brückner, un homme au lourd passé judiciaire pour des crimes sexuels violents, a conclu que "de nouvelles agressions sexuelles (étaient) à attendre".
"Il n'a suivi aucune thérapie (...) en prison, et dès lors nous devons partir du principe qu'il va récidiver", avait estimé M. Wolters dans un entretien accordé en septembre à l'AFP.
- "Agresseur sexuel sadique" -
M. Brückner a toujours démenti avoir un lien avec l'affaire Maddie, tandis que le parquet allemand n'a jamais détaillé le contenu de son dossier au nom du secret de l'instruction.
Selon Der Spiegel, sa première condamnation pour atteinte sexuelle sur des enfants remonte à son adolescence.
Madeleine McCann, trois ans, avait disparu en mai 2007 d'un logement de vacances dans l'Algarve, au Portugal, alors que ses parents dînaient dans un restaurant voisin.
En 2020, les enquêteurs allemands ont soudainement désigné M. Brückner comme leur principal suspect, assurant disposer de preuves concrètes. Mais ces éléments se sont avérés insuffisants pour une inculpation.
A l'époque des faits, l'accusé vivait sur la côte portugaise de l'Algarve, à proximité du lieu de villégiature des McCann, et un téléphone portable à son nom a borné près de leur logement le soir de la disparition.
Il a, en outre, été acquitté fin 2024 d'une série de crimes sexuels contre des enfants commis dans cette même zone entre 2000 et 2017. Les juges avaient estimé qu'il n'y avait pas de preuves suffisantes pour le condamner, en dépit de son profil "d'agresseur sexuel sadique".
- "Répercussions" -
Dans ce dernier dossier, le parquet a fait appel et espère un nouveau procès mais la décision n'interviendra pas avant 2026. Dès lors, sa remise en liberté était inévitable.
"Nous espérons juste que lorsqu'on aura besoin de lui, nous pourrons le retrouver", dit M. Wolters.
Le procureur a assuré que son équipe poursuivait ses efforts dans le dossier.
Le résultat d'une perquisition en juin au Portugal, notamment, "n'a pas encore été exploité".
De son côté, l'avocat de Christian Brückner, Friedrich Fülscher, a récemment déclaré à la chaîne publique NDR que les commentaires du procureur "aur(aie)nt des répercussions sur sa vie future".
"Il sera très difficile pour lui de trouver un emploi, un logement, et de manière générale de retrouver une place dans la société", a-t-il avancé.
A.Serra--GdR