

Après le Brésil, l'Inde également cible de 50% de droits de douane par Donald Trump
Alors que les droits de douane de 50% sur les produits brésiliens sont entrés en vigueur mercredi, avant le reste du monde jeudi, Donald Trump a ajouté 25% supplémentaire sur les produits indiens, reprochant à New Delhi ses achats de pétrole russe.
Cette nouvelle surtaxe vient s'ajouter à celle de 25% qui doit entrer en vigueur jeudi, en même temps que les droits de douane que M. Trump présente comme "réciproques", et ne sera effective que dans 21 jours, selon un décret du président américain. Elle ne s'appliquera pas sur un certain nombre de produits, ce qui vient en réduire sensiblement la portée.
Cette mesure vise à réduire la capacité de Moscou à financer le conflit en Ukraine, présenté dans le décret comme "une menace inhabituelle et extraordinaire à la sécurité nationale et la politique étrangère des Etats-Unis".
"J'estime qu'imposer des droits de douane, tels que décrits ici, en plus des autres mesures prises pour répondre à l'urgence nationale sera plus efficace pour gérer cette menace", ajoute le président américain dans le décret.
Après la Chine, l'Inde est le principal client russe pour son pétrole, qui représentait en 2024 près de 36% des importations indiennes en la matière, contre environ 2% avant le début de la guerre, en 2022, selon les données du ministère indien du Commerce.
Ce décret intervient moins de 24 heures avant l'entrée en vigueur des droits de douane visant la majeure partie des partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Plusieurs dizaines d'entre eux doivent en effet voir les surtaxes appliquées à leurs produits augmenter significativement jeudi à 00H01 locale (04H01 GMT) lors de leur entrée sur le territoire américain, avec une fourchette allant de 10% à 41%, la Syrie étant le pays visé par le taux le plus élevé.
Pour l'Inde, le taux appliqué sur ses produits entrant aux Etats-Unis sera dans un premier temps de 25%.
Les 25% supplémentaires prévus par le nouveau décret le porteraient au niveau du taux en vigueur depuis mercredi sur les produits brésiliens, soit 50%.
- Brasilia relativise l'impact -
Alors que le Brésil ne devait initialement pas être concerné par des droits de douane au-delà du plancher de 10% s'appliquant désormais à une large part des produits importés aux Etats-Unis, Donald Trump a annoncé son intention d'imposer une surtaxe de 50%, soit la plus élevée appliquée à un pays particulier.
Le président américain reproche à la justice brésilienne de poursuivre l'ex-président Jair Bolsonaro, accusé d'une tentative de coup d'Etat après sa défaite lors de l'élection présidentielle de 2022.
Ces poursuites, qualifiées par Donald Trump de "chasse aux sorcières", ont également entraîné des sanctions américaines contre un des juges de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes.
Jair Bolsonaro a par ailleurs été assigné à résidence lundi pour s'être exprimé sur les réseaux sociaux en dépit d'une interdiction liée à son procès en cours.
Si les droits de douane ont suscité une vive réaction de la part de Brasilia, le président Luiz Inacio Lula da Silva dénonçant une atteinte à la "souveraineté" de son pays, la capitale brésilienne a relativisé l'impact de la surtaxe.
Le décret de Donald Trump prévoit en effet des exemptions pour plusieurs centaines de produits, des noix à l'énergie en passant par l'industrie aéronautique ou le jus d'orange.
Au final, seules 36% des exportations du pays vers les Etats-Unis sont réellement concernées, selon le gouvernement brésilien.
Les Etats-Unis sont un partenaire important pour les entreprises brésiliennes, mais pas essentiel: certes, il s'agit du deuxième marché du Brésil, avec 12% des exportations, mais cela reste très en retrait de ce que représente aujourd'hui la Chine, où partent plus du quart des exportations brésiliennes.
Certains secteurs importants, comme le café, sont cependant plus exposés au marché américain et se voient appliquer la surtaxe de 50%.
Au total, les nouvelles surtaxes douanières devraient porter à partir de jeudi le taux effectif moyen à près de 20% aux Etats-Unis, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics. Ce qui constituerait le taux le plus élevé appliqué aux produits importés depuis le début des années 30, selon le Budget Lab de l'Université de Yale.
S.Rinaldi--GdR