

L'Iran annonce avoir attaqué une base américaine au Qatar, qui dit avoir intercepté les tirs
L'Iran a annoncé lundi soir avoir lancé des missiles contre la base américaine d'Al-Udeid au Qatar, la plus grande du Moyen-Orient, en représailles aux bombardements dimanche de trois sites nucléaires iraniens, Doha assurant avoir intercepté ces tirs avec succès.
Téhéran, engagé depuis 11 jours dans une guerre avec Israël déclenchée par l'attaque de ce pays, met ainsi à exécution ses menaces de riposte aux frappes américaines qui ont touché le site souterrain d'enrichissement d'uranium à Fordo et des installations nucléaires à Ispahan et Natanz (centre).
"En réponse à l'action agressive et insolente des États-Unis" les forces armées iraniennes "ont frappé il y a quelques heures la base aérienne américaine d'Al-Udeid, au Qatar", a déclaré le Conseil de sécurité nationale iranien dans un communiqué, affirmant que le nombre de missiles utilisés "était le même que le nombre de bombes" utilisés dans les raids américains.
"Cette action ne représente aucune menace pour notre pays ami et frère, le Qatar", a ajouté le Conseil, sans faire état d'attaques contre des cibles américaines en Irak, évoquées plus tôt par l'agence de presse officielle Irna.
Le ministère qatari de la Défense Qatar a dit avoir "intercepté avec succès une attaque de missiles visant la base aérienne d'Al-Udeid", affirmant qu'il n'y avait pas eu de victimes.
"L'État du Qatar se réserve le droit de répondre directement de manière proportionnelle" à cette "agression flagrante", a réagi le ministère qatari des Affaires étrangères, ajoutant que la base avait été précédemment évacuée.
Des explosions ont été entendues par des journalistes de l'AFP dans le centre de Doha et à Lusail, au nord.
Au lendemain de l'intervention américaine dans la guerre entre l'Iran et Israël, qui a selon le Pentagone, "dévasté le programme nucléaire iranien", la Maison Blanche avait auparavant pressé le pouvoir iranien à reprendre les négociations nucléaires, s'il voulait se maintenir à la tête du pays.
Dimanche, Ali Akbar Velayati, un conseiller du guide suprême Ali Khamenei, avait menacé d'actions contre les bases militaires américaines dans la région.
Le Koweit et Bahrein ont annoncé fermer leur espace aérien après l'attaque au Qatar, dont l'annonce a fait chuter les cours du pétrole.
- Intenses frappes israéliennes à Téhéran -
Israël a de son côté appelé lundi soir les habitants de Téhéran à s'éloigner des bases militaires et sécuritaires, prévenant de la poursuite de ses raids, après d'intenses frappes sur la capitale iranienne ciblant des centres de commandements des Gardiens de la Révolution et la prison d'Evine, en riposte à des tirs de missiles iraniens.
La justice iranienne a fait état de dégâts dans certaines parties de la prison d'Evine, où sont détenus des Occidentaux, prisonniers politiques et opposants.
Les deux Français, Cécile Kohler et Jacques Paris, qui y sont détenus depuis plus de trois ans, "n'auraient pas été touchés" a affirmé le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, dénonçant une frappe "inacceptable".
En Iran, la guerre a fait plus de 400 morts et 3.056 blessés, en majorité des civils, selon un bilan officiel. Les tirs iraniens sur Israël ont fait 24 morts, d'après les autorités.
Affirmant que l'Iran était sur le point de se doter de la bombe atomique, Israël l'a attaqué le 13 juin, bombardant des centaines de sites militaires et nucléaires et tuant les plus hauts gradés du pays ainsi que des scientifiques du nucléaire.
L'Iran, qui riposte avec des tirs de missiles et de drones vers Israël, dément vouloir fabriquer l'arme atomique mais défend son droit à un programme nucléaire civil.
- "Changement de régime"? -
Avant l'attaque sur leur base, les Etats-Unis ont dit surveiller "activement la situation dans le détroit d'Ormuz", auquel "le régime iranien serait stupide" de s'en prendre.
Washington avait appelé dimanche Pékin à dissuader Téhéran de riposter à l'attaque américaine en fermant cette zone de transit maritime du cinquième du pétrole mondial.
La télévision d'Etat iranienne a par ailleurs annoncé l'arrestation d'un "ressortissant européen" soupçonné d'être un "espion" au service d'Israël, sans plus de précision.
Invoquant la "situation sécuritaire" dans la région, des compagnies pétrolières étrangères dans le sud de l'Irak ont "évacué" une partie de leur personnel étranger.
Le président américain, Donald Trump, s'est prévalu dimanche de "dommages monumentaux" infligés aux sites nucléaires iraniens.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a jugé impossible à ce stade d'évaluer l'étendue des dégâts et réclamé un accès aux sites nucléaires iraniens.
Des experts estiment que l'Iran pourrait avoir évacué le matériel nucléaire des sites visés, et un haut responsable iranien, Ali Shamkhani, a affirmé que le pays possédait toujours des stocks d'uranium enrichi.
L'Iran a enrichi de l'uranium au niveau de 60%, selon l'AIEA, proche du seuil de 90% requis pour fabriquer une bombe atomique. Mais l'agence dit n'avoir décelé jusque-là aucun indice d'un "programme systématique" iranien pour ce faire.
Donald Trump, qui avait relancé les négociations avec Téhéran pour encadrer son programme nucléaire - lancées en avril sous médiation d'Oman - est "toujours intéressé" par un règlement diplomatique, a affirmé lundi la porte-parole de la Maison Blanche.
Mais "si le régime iranien refuse de s'impliquer dans une solution diplomatique (...) pourquoi le peuple iranien ne retire pas le pouvoir à ce régime incroyablement violent qui le réprime", a-t-elle dit.
"Si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE A L'IRAN SA GRANDEUR, pourquoi n'y aurait-il pas un changement de régime ???" avait écrit la veille M. Trump sur son réseau Truth social.
V.Bellini--GdR