

Le Vietnam met fin à la limite de deux enfants par famille
Le Vietnam a abandonné la limite de deux enfants par famille, en place depuis 1988, a rapporté mercredi l'agence officielle du pays communiste, confronté à la baisse continue du taux de fécondité.
Chaque couple est désormais libre de choisir le nombre d'enfants qu'il souhaite avoir, indique l'Agence vietnamienne d'information (VNA).
Le Vietnam, qui compte environ 100 millions d'habitants, craint que la baisse du taux de fécondité, généralement associée aux pays riches, affecte son dynamisme économique - les autorités ayant l'objectif d'atteindre le statut de pays à revenu élevé d'ici 2045.
Ces trois dernières années, le taux de fécondité s'est situé en dessous du seuil de renouvellement fixé à 2,1, atteignant des niveaux "historiquement" bas, a déploré le ministère de la Santé.
De 2,11 enfants par femme en 2021, le chiffre a chuté à 2,01 en 2022, puis 1,96 et enfin, 1,91 l'an dernier.
La phénomène touche en particulier Hanoï (nord) et Ho Chi Minh-Ville (sud), les deux poumons économiques du Vietnam, où les salaires ne compensent pas la hausse du coût de la vie.
Tran Minh Huong, une employée de bureau âgée de 22 ans, a déclaré à l'AFP que la nouvelle direction gouvernementale n'allait pas changer ses projets.
Même en Asie, où "les normes sociales dictent que les femmes doivent être mariées et avoir des enfants, élever un enfant coûte trop cher", a-t-elle assuré.
La ministre adjointe de la Santé Nguyen Thi Lien Huong a prévenu cette année qu'il sera de plus en plus difficile de convaincre les couples d'avoir davantage d'enfants, malgré des incitations de l'Etat.
La baisse du nombre moyen d'enfants par femme pose des problèmes à long terme pour la croissance économique, a-t-elle insisté, citant le vieillissement de la population ou la réduction de la main-d'œuvre.
Elle a exhorté la société à changer d'état d'esprit et à ne plus se concentrer uniquement sur la planification familiale, mais à adopter une perspective plus large en matière de population et de développement.
- Après la Chine -
Le Vietnam est également confronté à un déséquilibre des sexes dû à une préférence historique pour les garçons.
Mardi, le ministère de la Santé a proposé de tripler l'amende actuelle pour la porter à 3.800 dollars "afin de freiner la sélection du sexe du fœtus", selon les médias d'Etat.
Le ratio des sexes à la naissance, bien qu'il se soit amélioré, reste déséquilibré avec 112 garçons pour 100 filles.
Hoang Thi Oanh, 45 ans, a trois enfants mais a reçu moins de prestations après la naissance de son dernier enfant, en raison de la politique des deux enfants par famille.
"C'est une bonne chose que les autorités aient enfin levé cette interdiction", a-t-elle déclaré, tout en ajoutant qu'"élever plus de deux enfants de nos jours est trop difficile et trop coûteux".
"Seuls les couples courageux et les plus aisés le feraient. Je pense que les autorités devront même accorder des primes pour encourager les gens à avoir plus de deux enfants", a-t-elle ajouté.
La Chine, voisine du Vietnam, a lancé sa politique de limitation des naissances à la fin des années 1970 afin d'enrayer une explosion démographique.
A partir de 2016, divers assouplissements successifs ont permis à tous les couples d'avoir trois enfants s'ils le souhaitent. Mais leurs bénéfices tardent à se faire sentir.
Comme dans de nombreux pays, la hausse du coût de la vie a freiné les taux de natalité et ces mesures n'ont pas permis d'inverser le déclin démographique de la Chine, dont la population a baissé pour la troisième année consécutive en 2024.
G.Brambilla--GdR