

De Tiktok à Instagram, le Vatican encourage les "missionnaires numériques"
"Tout le monde utilise les réseaux sociaux, c'est important qu'on y soit aussi" : sur Instagram, le père Giuseppe Fusari, chemise à col romain et manches courtes laissant entrevoir ses tatouages, partage en vidéo des paroles d'évangile à ses 63.000 abonnés.
Le "prêtre cool" d'une paroisse de la ville de Brescia est venu du Nord de l'Italie pour participer au "Jubilé des missionnaires numériques et influenceurs catholiques", évènement inédit organisé par le Vatican, qui rassemble cette semaine des milliers de stars des réseaux sociaux.
"Ce rendez-vous nous permet de faire connaissance", se réjouit le quinquagénaire, qui utilise quotidiennement ses différentes plateformes pour partager "la parole de Dieu" au plus grand nombre, et parfois des vidéos de son chihuaha. Un mode d'évangélisation moderne, que l'Eglise catholique semble vouloir encourager.
"Rien que le fait que le Vatican décide d'organiser cet événement, ça nous dit : +en fait c'est important, allez-y, on est avec vous, et on va chercher ensemble comment porter cette nouvelle évangélisation+", confie à l'AFP sœur Albertine, l'une des influenceuses catholiques françaises les plus suivies, présente à Rome pour l'évènement.
La religieuse de 29 ans, qui cumule plus de 320.000 abonnés sur Instagram et dont certaines vidéos TikTok dépassent le million de vues, considère les plateformes numériques comme un "terrain missionnaire" à part entière, où elle peut toucher les jeunes, mais aussi les non-catholiques.
En utilisant les codes des réseaux sociaux, avec un discours simple, un montage dynamique et une énergie communicative, elle raconte son quotidien de religieuse, donne des conseils pour lire la Bible ou propose des prières accompagnées.
Une façon de communiquer qui casse les codes traditionnels de l'Eglise, très appréciée par les internautes : "merci pour ces conseils courts, efficaces et accessibles aux néophytes !", "Je ne suis pas chrétien, mais la simplicité et la profondeur de vos discours me touchent beaucoup", peut-on lire sous ses publications.
- "Bulle catho"-
"En fait, maintenant, c'est là où sont les gens, et nous, notre boulot c'est d'aller les rencontrer là où ils sont", résume-t-elle, alors que l'Europe est touchée par une vague de déchristianisation massive depuis plusieurs années.
La jeune femme, qui porte une simple croix en bois autour du cou, se réjouit que ses vidéos soient sorties de la "bulle catho", et touchent désormais "tous types de personnes, tous milieux sociaux, (...) au delà des frontières et des carcans qu'on pourrait imaginer".
Mais cette évangélisation en ligne n'est pas pratiquée uniquement par des religieux : Francesca Parisi, une enseignante du Sud de l'Italie essaye elle "de dissiper les préjugés qui entourent les catholiques" via de courtes vidéos postées sur TikTok, où elle compte plus de 21.000 abonnés.
La trentenaire s'est convertie tardivement, c'est pourquoi elle tente de toucher celles et ceux qui "se sont éloignés de l'Église".
"Le plus grand influenceur est Dieu !", a clamé devant la foule le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, très populaire chez les jeunes, mettant en garde contre une utilisation "nuisible" des réseaux sociaux.
Reste que pour l'instant la position du Vatican sur le sujet demeure floue : aucune règle ou recommandation précise n'a été transmise aux missionnaires.
"Est-ce qu'il faudrait un mandat ? Est-ce qu'il y a une durée de cette mission ?", s'interroge sœur Albertine. "On discute pour voir comment écrire ensemble cette nouvelle page d'évangélisation".
A.Fumagalli--GdR